dimanche, septembre 8, 2024

Maury Damase Ntamack : “ je dénonce fermement le travail des enfants”

L’auteur du recueil de poèmes “Enfance perdue’’ paru aux Éditions APEL livre les secrets littéraires de son ouvrage ainsi que son appétit pour l’écriture.

Pourquoi ”Enfance Perdue”, pourquoi la poésie et pourquoi écrire quand on sait que les Camerounais lisent peu ?
Lorsque j’ai choisi le titre “Enfance Perdue” pour mon ouvrage, j’ai voulu mettre en lumière les réalités souvent douloureuses et les défis auxquels sont confrontés de nombreux enfants, jeunes et adultes non seulement au Cameroun, mais dans le monde entier. Ce titre reflète la tragédie de ces gens qui, pour diverses raisons, voient leur enfance être éclipsée par des difficultés, des souffrances ou des injustices qui ont des impacts plus ou moins négatifs tout au long de leur vie.

Quant à la poésie, c’est un moyen pour moi de capturer l’essence de ces expériences et de les exprimer avec émotion et sensibilité. La poésie permet de toucher les lecteurs au plus profond de leur être, en utilisant les mots avec une précision et une intensité qui résonnent longtemps après leur lecture.

Malgré la faible lecture au Cameroun, je crois au pouvoir transformateur des mots. Même si la lecture peut être moins répandue, je considère que chaque lecteur au Cameroun ou à l’étranger, touché par mes écrits est une victoire, car cela signifie que mes mots ont pu éveiller des consciences et partager des histoires qui méritent d’être entendues et comprises.

Vous dénoncez le travail des enfants tout comme vous le faites quand il s’agit des enfants soldats ou abandonnés mais vous encouragez bien évidemment le regroupement familial : père-mère-enfant… Pouvez-vous nous dresser le prototype de l’enfance ?
Dans “Enfance Perdue”, je voudrais dépeindre le prototype de l’enfance comme un environnement sûr, aimant et épanouissant, où les enfants sont protégés, éduqués et encouragés à développer leur plein potentiel. Ce prototype repose sur le regroupement familial, où la présence et le soutien affectif des parents sont essentiels pour assurer le bien-être des enfants. Il s’agit d’un cadre où les droits des enfants sont respectés, où ils ont accès à l’éducation, à la santé et à des opportunités pour s’épanouir.
“Enfance perdue” dénonce fermement le travail des enfants, les enfants en situations d’abandon, car celà représente des violations flagrantes des droits fondamentaux de l’enfant et compromettent leur développement harmonieux. Notre plaidoyer en faveur du regroupement familial vise à rétablir cette structure essentielle pour offrir aux enfants un environnement propice à leur croissance physique, émotionnelle et intellectuelle.

Vous avez beaucoup misé sur la tonalité pathétique et même tragique dans votre recueil. La condition de l’enfant Camerounais, la condition de l’enfant Bassa’a-Mpo’o-Bati est-elle aussi catastrophique ?
Dans “Enfance Perdue”, j’explore en effet des thèmes poignants et parfois tragiques, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés de nombreux enfants, des jeunes et des adultes, y compris les “Bassa’a-Mpo’o-Bati” au Cameroun. Ces enfants ont aussi besoin d’accompagnement sur le plan familial et mer communautaire. il est indéniable que certains enfants de notre communauté peuvent également sont touchés par les situations difficiles décriées, telles que la pauvreté, le travail des enfants (par imitation à d’autres communautés) ou d’autres formes d’exploitation. Pour celà, nous prévenons les parents et l’état qu’ils sont les premiers responsables du pourrissement de l’espoir des enfants.

Maury Damase Ntamack utilise juste sa plume pour donner une voix à ces enfants et pour sensibiliser le grand public, la presse nationale et internationale des injustices que ceux-ci peuvent rencontrer. Tout en reconnaissant les défis spécifiques auxquels sont confrontés les enfants de différentes communautés, je souligne également l’universalité de l’expérience humaine, où chaque enfant mérite une enfance sûre, aimante et pleine de promesses.

Mon travail vise à susciter la réflexion et à encourager l’action en faveur du bien-être de tous les enfants, quelle que soit leur origine ethnique et leur couleur de peau.

Pourquoi clôturer votre recueil par un ”samedi noir”?
Dans “Enfance Perdue”, la clôture par le texte intitulé “Samedi Noir” vise à mettre en lumière la tragédie absolue que représente la perte d’innocentes vies d’enfants. Ce texte évoque de manière tristement poignante l’horreur de l’attaque brutale perpétrée contre des enfants dans une école à Kumba, dans le sud-ouest du Cameroun. Cet événement, survenu dans un contexte de violence et de conflit, symbolise l’échec criant de la société à protéger ses enfants et à leur offrir un environnement sûr et propice à leur épanouissement.
À travers “Samedi Noir”, j’ai voulu dénoncer avec ma dernière énergie la cruauté et l’inhumanité de cet acte insensé, perpétré par des adultes contre des enfants qui ne demandaient qu’à apprendre et à grandir en paix. Ce texte sert de rappel de la responsabilité collective à protéger les plus vulnérables et à œuvrer pour un avenir où de tels événements tragiques ne se reproduisent plus.

Que retenez-vous de votre ”bébéance” à titre personnel ?
De ma “bébéance”, je retiens avant tout le contraste entre les contraintes et les privations de mon enfance et les libertés que je souhaite offrir à mes propres enfants. Issu d’une famille de classe moyenne, j’ai grandi dans un environnement où les opportunités n’étaient pas pleinement saisies en raison de la tradition et des contraintes familiales. Pourtant, malgré les limites imposées, j’ai pu observer et apprendre beaucoup des autres enfants de mon quartier, qui eux ont connu des difficultés certainement plus grandes.
Aujourd’hui, en tant que parent, je veux offrir à mes enfants une enfance différente, empreinte de jeux, de divertissement, d’épanouissement et d’opportunités. Je souhaite rectifier les erreurs du passé et me libérer des conventions qui ont parfois étouffé mon propre épanouissement. C’est pourquoi je saisis chaque occasion pour me défaire du costume et de la cravate, et me plonger dans la boue avec mes enfants, vivant ainsi pleinement l’esprit de l’enfance que j’ai parfois regretté de ne pas avoir connu.

Que voulez-vous qu’on retienne de ”Enfance Perdue” ?
Ce que je souhaite que l’on retienne de “Enfance Perdue’’, c’est avant tout la nécessité de reconnaître et de protéger les droits fondamentaux de chaque enfant.
À travers cet ouvrage, je mets en lumière les réalités souvent tragiques et les défis auxquels sont confrontés de nombreux enfants, non seulement au Cameroun, mais dans le monde entier.
Je souhaite que ce recueil suscite la réflexion sur les injustices et les souffrances que subissent tant d’enfants à travers le monde, et qu’il encourage à agir en leur faveur. En mettant en avant les histoires et les voix de ces enfants. “Enfance Perdue” nous rappelle l’importance cruciale de créer un environnement sûr, aimant et propice à l’épanouissement de chaque enfant, où ils peuvent grandir en sécurité et réaliser leurs rêves avec l’accompagnement des adultes.

Propos recueillis en ligne par Jesus POUTH.

Jes Po
Jes Po
Directeur de publication délégué de BMBinfos

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